Page:Bakounine - Œuvres t5.djvu/255

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Je commence par vous prier de croire que je ne suis aucunement l’ennemi ni le détracteur des Juifs. Tout cannibale qu’on veut bien me supposer, je ne pousse pas la barbarie à ce point, et je vous assure qu’à mes yeux toutes les nations se valent. Chacune d’ailleurs est un produit ethnographiquement historique, et n’est par conséquent pas responsable ni de ses défauts, ni de ses mérites.

C’est ainsi qu’on pourrait observer, par rapport aux Juifs modernes, que leur nature se prête peu au franc socialisme. Leur histoire, bien avant l’ère chrétienne, leur a imprimé une tendance essentiellement mercantile et bourgeoise, ce qui fait que, considérés comme nation, ils sont par excellence les exploiteurs du travail d’autrui, et ils ont une horreur et une crainte naturelles des masses populaires, qu’ils méprisent d’ailleurs, soit ostensiblement, soit en secret. L’habitude de l’exploitation, tout en développant l’intelligence des exploiteurs, lui donne une direction exclusive, funeste, et toute contraire aux intérêts aussi bien qu’aux instincts du prolétariat.

Je sais bien qu’en disant avec cette franchise ma pensée intime sur les Juifs, je m’expose à d’énormes dangers. Bien des personnes la partagent, mais très peu osent publiquement l’exprimer, car la secte juive, |3 bien plus formidable que celle des Jésuites catholiques et protestants, constitue aujourd’hui en Europe une véritable puissance. Elle règne despotiquement dans le commerce, dans la banque, et elle a envahi les trois quarts du journalisme allemand et